Vanuatu, le francophone inconnu
Il faut être dévasté par un ouragan pour avoir des honneurs de la presse. Des journalistes se sont précipités dans ce malheureux pays, mais n’ont pas pu sortir de la capitale Port-Vila faute d’infrastructures épargnées.
Pas un seul n’a fait allusion au fait que le Vanuatu est un pays dit « francophone ». En fait ses 230 000 habitants ont une langue nationale le bichelamar, et deux langues officielles, le français et l’anglais. Le bichelamar, déformation de « bêche de mer », est le créole local, le français et l’anglais les langues des anciens colonisateurs qui l’administraient conjointement sous le nom de « condominium des Nouvelles-Hébrides ». Ces trois langues sont presque uniquement véhiculaires, à côté des 108 langues maternelles locales, souvent non inter incompréhensibles.
Par ailleurs l’anglais est la langue dominante de la région, mais le Vanuatu est voisin de la Nouvelle-Calédonie qui est pour lui un grand voisin francophone.
Cette bivalence est illustrée notamment par le fait que ce pays a été à la fois la première colonie française à se rallier De Gaulle et une importante base américaine contre les Japonais. Même bivalence aujourd’hui avec la coopération internationale, qui se fait à la fois avec les voisins anglophones riches (Australie et Nouvelle-Zélande) et avec la France.
Les journalistes auraient pu se demander pourquoi une partie de l’aide vient notre pays, et remarquer que certains bâtiments ont des enseignes françaises, bien que la capitale ne soit pas l’endroit le plus francophone de l’archipel.
L’économie est en grande partie traditionnelle, l’environnement splendide amène des touristes, mais sa partie moderne fait « tousser » s’agissant des prestations d’un paradis fiscal et d’un pavillon de complaisance.
Bref entre la francophonie, la guéguerre franco-anglaise qui en a résulté à une époque, le traditionalisme et cette pittoresque activité moderne, il y avait de quoi faire des articles bien plus intéressants que ceux qui sont passés sous mes yeux, même sans quitter Port-Vila, puisque je n’ai moi-même pas quitté Paris ! J’ai eu par contre en son temps les confidences de Philippe Rossillon, qui, là comme ailleurs, a donné un coup de pouce à la francophonie locale.
Yves Montenay
site yvesmontenay.fr
twitter @ymontenay
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