A l’ombre du grand ours russe…

Article : A l’ombre du grand ours russe…
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8 septembre 2015

A l’ombre du grand ours russe…

Je reviens donc de Géorgie, où j’ai senti l’ombre du gros ours russe

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Carte RFI

La Géorgie est la dernière des six petites sœurs que j’avais envie de visiter depuis un bon demi-siècle : les trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), l’Arménie, la Moldavie et la Géorgie, tous alors en URSS. Depuis, ces petits pays se sont émancipés de Moscou, mais pas dans les mêmes conditions. Si les pays baltes, de civilisation catholique ou protestante, germanique et scandinave ont assez vite rejoint l’Union Européenne dont ils rattrapent le niveau à grands pas, ce n’est pas le cas des trois petites républiques du Sud que leur commune religion orthodoxe semblait lier à la Russie, tout comme l’Ukraine. C’est du moins l’avis de Moscou …

La Russie, qui commence à rappeler sérieusement l’URSS depuis que Poutine est au pouvoir, exerce une forte pression sur ces six pays et particulièrement sur l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie en occupant une partie de leur territoire peuplé d’ethnies minoritaires au niveau national, mais localement majoritaires, ethnies qui ont soi-disant demandé ou accepté l’appui des troupes russes. Il s’agit des Russes ou des russophiles d’Ukraine (Crimée et Donbass), des Ukrainiens, Russes et Gagaouzes de Moldavie, des Abkhazes et Ossètes de Géorgie. Résultat : les troupes russes sont entrées dans ces trois pays. La Géorgie voudrait rallier l’OTAN, mais cette dernière sait que ce serait une provocation directe envers la Russie. Du moins les Géorgiens gardent une grande gratitude envers Nicolas Sarkozy dont la diplomatie énergique a obtenu le retrait des troupes russes qui approchaient de Tbilissi en 2008. Mais elles sont restées dans les provinces de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, qu’elles sont en train de russifier.

Les pays baltes, qui sont eux entrés dans l’OTAN, n’ont eu droit « que » à des attaques informatiques et à des pressions en faveur des minorités russes. Reste l’Arménie, dont le cas est un peu différent : elle ne peut pas se passer de l’appui de la Russie face à la Turquie et à l’Azerbaïdjan, turc lui aussi, avec lequel elle est en guerre pour récupérer le Nagorny Karabakh, peuplé d’Arméniens mais située en Azerbaïdjan.

Rappelons que Staline, qui était commissaire aux nationalités pour l’URSS avant d’accaparer tous les pouvoirs, avait, là comme ailleurs dessiné les frontières de manière à empoisonner la vie de chaque pays par des minorités du pays voisin … pour que Moscou puisse se poser en arbitre.

Revenons en Géorgie. Les différences géopolitiques n’empêchent pas une parenté avec l’Arménie voisine. Même christianisme très ancien avec des églises de style apparenté, deux langues très spéciales avec leurs alphabets spécifiques. Toutefois le russe est encore très présent en Arménie, mais a disparu du paysage géorgien au bénéfice d’un peu d’anglais.

Bref habiter près de la tanière de l’ours ne permet pas de dormir tranquille.

Yves Montenay
https://yvesmontenay.fr
@ymontenay

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