Yves Montenay

Faut-il taxer les enfants pour éviter la surpopulation planétaire ?

Pour des raisons environnementales et économiques, presque tout le monde souhaite que la population mondiale plafonne. Certains vont même jusqu’à suggérer de taxer les naissances à titre dissuasif.

Le problème est que la planète est divisée entre pays de comportements démographiques très différents, et que raisonner sur des moyennes n’a pas de sens.

– d’une part c’est en Afrique subsaharienne et quelques autres pays que la fécondité baisse trop doucement pour que l’on voie apparaître un plafonnement avant plus d’un siècle. En schématisant, l’Afrique est passée d’un modèle de huit enfants par femme dont six  mouraient, donc une population plus ou moins stable, à un modèle de 5,5 enfants par femme (et 7 dans certains pays), dont 0,5 ne survivent pas, soit une multiplication par 2,5 par génération. Il faudrait tomber à environ deux enfants, ce qui  viendra peut-être, mais quand ? Je ne vois pas très bien comment une taxe  pourrait changer le comportement d’un agriculteur au fond de sa brousse où les enfants sont une ressource plus qu’une charge. Si la fécondité baisse néanmoins, c’est du fait de l’urbanisation, car l’enfant a alors un coût. De toute façon, je vois mal un gouvernement africain arriver concrètement à prélever une taxe sur chaque naissance dans des familles en majorité extrêmement pauvres. Sans parler du fait que les gouvernements et les églises, notamment chrétiennes, sont hostiles à une limitation des naissances et qu’un Africain est bien plus religieux qu’un Européen.

source Wikipedia
source Wikipedia

– d’autre part un nombre croissant de pays ont nettement moins de deux enfants par femme, et leur population diminue ou va diminuer : Chine, Russie, une grande partie de l’Asie orientale et de l’Europe …  et l’Iran, que je cite pour démentir l’idée d’une fécondité musulmane forcément élevée.  Cette diminution se fait PAR LE BAS DE LA PYRAMIDE DES AGES. Mathématiquement il faut donc soit PLUS d’enfants, soit tuer les vieux, soit transformer les vieux en jeunes en reculant massivement l’âge de la retraite, soit demander à tous les couples de moins de 40 ans d’adopter un enfant africain … je ne vois pas bien le rôle d’une taxe dans chacune de ces hypothèses …. sauf peut-être taxer massivement les retraités de moins de 70 ans pour les inciter à travailler,

–  une minorité de pays sont en situation intermédiaire hors immigration : la France, les États-Unis, le Maghreb… La population n’y augmente que du fait des vieux, et ils auront donc, en moins fort et plus tard, les mêmes problèmes que les précédents.

Bref, une taxe n’est possible que dans des pays pas trop pauvres, c’est-à-dire ceux où l’on manque d’enfants, et ne l’est pas là où il y en a « trop ».

… Rien n’est plus menteur qu’une moyenne !

Yves Montenay

 


Croisière aux Antilles : Nord – Sud et tourisme de masse

Je ne vais pas taper sur le tourisme de masse bien que ce soit généralement bien vu, notamment pour ceux qui bénéficient du haut de gamme ou qui veulent briller dans les salons. Ce tourisme est important pour les gens au budget moyen qui s’évadent ainsi de leur bureau ou de leur usine ; c’est plus important encore pour ceux qui en vivent, notamment dans les Caraïbes, où les salaires sont faibles, mais indispensables. C’est la rencontre de ces revenus moyens du Nord et de ces petits salaires du Sud qui permet ce genre de tourisme.

Une ville flottante

Voici donc nos touristes embarquant dans des paquebots géants, de vraies villes (1200 passagers, 650 membres d’équipage), avec toutes les files d’attente que cela implique pour embarquer ou débarquer, ou pour bénéficier des prestations internes au navire. Ce dernier essaie de jouer au village de vacances avec bars, piscines et animation, rajoute un casino, des boutiques et tout ce qu’il faut pour pousser à la dépense de manière à compléter un prix de transport relativement modique. Il faut donc que les passagers restent assez longtemps dans le bateau pour l’ennui le pousse à consommer, pardon à se distraire. On passe donc des heures, voire des jours en haute mer au lieu d’admirer les côtes des innombrables îles ou d’y faire escale. C’est un peu frustrant pour qui sait ce qu’on manque.

Un personnel tout sauf français

Maintenant voyons cela du point de vue de l’employé du Sud. Dans le bateau d’équipage comprend plus de 20 nationalités, celles à salaires « moyennement bas » (Europe de l’Est) pour les officiers, et celle à « salaires très bas », notamment des Antilles indépendantes : « Est-il vrai qu’un chômeur de chez vous touche 10 fois mon salaire ? » « Oui, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il est au chômage et pas vous ». Même si le bateau est français par son nom et la majorité des touristes, il est fiscalement et socialement d’ailleurs, car les Français de la métropole ou des Antilles ne sont pas compétitifs. Le bateau à statut international (c’est-à-dire de nulle part) pour ce qui concerne les salaires, les charges sociales et les impôts, est plus compétitif que l’hôtel en zone française qui donnerait pourtant davantage d’emplois à nos compatriotes antillais. C’est le même phénomène qui a fait disparaître la flotte commerciale française il y a quelques dizaines d’années, qui envoie aujourd’hui nos cadres supérieurs et notre jeunesse à Londres et menace la survie d’Air France tant que ses pilotes n’accepteront pas un alignement partiel sur ce que se passe à l’étranger.

Des escales standardisées

Revenons à notre bateau. Il faut bien qu’il y ait quand même quelques escales dans des îles de rêve, sinon il n’y aurait pas de passagers. Mais là aussi le traitement de masse empêche toute fantaisie. Il faut que des opérateurs locaux soient sur le quai avec leur véhicule et un programme standard à respecter : une plage, un parc botanique ou une forêt à végétaux curieux, un ou deux belvédères, quelques boutiques pour avoir le plaisir d’acheter au quadruple du prix indigène, pour le plus grand plaisir du commerçant bien sûr mais aussi de l’opérateur local pour lequel une retombée est prévue.

Un guide à l’humour au ras du bitume vous expliquera à Saint-Domingue la culture de la canne à sucre et vous enverra déguster quelques rhums dans une boutique bien garnie. Un autre fera de même à la Guadeloupe, où quelques collines vous changeront de la plaine dominicaine, un troisième vous le proposera encore à la Martinique, et, devant vos protestations, vous expliquera la culture de la banane dans un décor encore plus charmant. Malheureusement il semblera être rémunéré au kilomètre parcouru et au nombre de tournants de montagne pris sauvagement au détriment de la dégustation du décor. Vous aurez aussi entrevu la richesse d’un paradis fiscal (St Marteens) et son annexe française (St Martin), nettement plus pauvre malgré ou à cause de son statut métropolitain. Vous aurez aussi profité d’un « musée » vénézuélien et de son « restaurant typique » (crêpe au fromage) justifiant deux journées de haute mer de plus.

Où sont passés les habitants ?

Vous avez remarqué que les contacts avec l’extérieur se résument à un guide et à quelques vendeurs de « souvenirs ». Cela malgré le souhait tout à fait sincère des touristes de multiplier les contacts humains. Mais ce serait trop compliqué. Et puis, pour apprécier, il faut avoir une idée du contexte économique et politique. Or même pour un pays en situation aussi « extrême » que le Venezuela, peu de gens ont remarqué que les bâtiments officiels étaient délicatement ornés de slogans à la gloire du « chavisme » (du nom de feu le semi dictateur cubanophile) et du « socialisme éternel », ni vu les traces de la violence et de l’anarchie du régime ni l’absence des petits bateaux de plaisance, bon indicateur de la présence de pirates qui tuent le propriétaire et repartent avec son yacht. Le bateau-usine était donc le bienvenu (« Il y en a plus qu’un par semaine ! » se désolent les guides) et le groupe qui en sortit bénéficia d’une haute protection policière, remarqua à peine les militaires omniprésents et pas du tout la médaille « Bolivar, Chavez, Maduro » (respectivement le père de l’indépendance contre l’Espagne, le père du socialisme national et son successeur, le président actuel) imitant trait pour trait celle de « Marx, Engels, Lénine et Staline » qui sera bientôt une antiquité.

Je ne suis pas du tout ironique : la majorité des touristes était ravie, l’équipage était mieux rémunéré que chez lui et prêt à un horaire (chargé) pour que ça dure, et quelques bribes ont fini dans les poches locales. Bref tout le monde est heureux. Voici une coopération Nord-Sud satisfaisante pour les deux parties…

Yves Montenay


Billet de voyage de Bulgarie

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La cathédrale « nationale » St Alexandre Nevwski
(Photo de Wedding Places)

Venant de Roumanie, le Bulgare c’est l’ennemi héréditaire, bien que partageant largement la même religion orthodoxe et les mauvais souvenirs de la domination turque, dont ils se sont débarrassés en 1878. Commerce oblige, ce dernier point a tendance à s’estomper. Par contre, il y a deux amis des Bulgares qui ne sont pas du goût des Roumains : la Russie et l’Allemagne.

Le grand frère russe a longtemps été le protecteur de la Bulgarie dont la langue est très voisine, et de nombreux Russes ont aidé les Bulgares dans leur lutte contre les Turcs. L’imposition du communisme par l’URSS a néanmoins apporté un bémol. Quant aux Allemands, ils avaient le soutien des Bulgares pendant la Première Guerre mondiale et la Roumanie, alliée de la France, a vu son territoire largement occupée par les Bulgares et les Austro-hongrois.

Tout ce passé belliqueux, qui remonte aux invasions de l’Empire romain puis byzantin, semble s’éloigner, les jeunesses roumaines et bulgares cherchant plutôt à s’européaniser, voir s’américaniser. La Bulgarie se satisfait d’être « un beau petit pays tranquille ».

La capitale, Sofia, aux pieds des montagnes, donne l’impression d’une grande ville de province calme et propre, avec un centre bien restauré et de grandes avenues piétonnes animées, bourrées de commerces (ouverts le dimanche …) très souvent d’un excellent design moderne et largement occupées par les terrasses de cafés et de restaurants. Dès que l’on s’éloigne du centre, se multiplient les immeubles d’un gris sinistre. Mais ils reprennent vie et belle allure dès qu’on les repeint en jaune et rouge.

Les églises sont bien fréquentées, mais plus par les touristes que par des pratiquants. Sans doute faudrait-il s’éloigner du centre. Car l’orthodoxie, c’est sérieux, c’est même elle qui sauvera l’Europe de son matérialisme libéral, m’explique-t-on. Il n’est pas certain que ce soit le combat de la jeunesse.

Quant aux historiens, ils ont tendance à penser que l’orthodoxe, avec sa piété presque idolâtre, sa hiérarchie et un certain fatalisme (tout cela rappelant vaguement l’Église catholique de la fin du Moyen-Âge) est pour quelque chose dans le retard du développement par rapport aux pays protestants. On pourrait rajouter que « nos » catholiques ont été « protestantisés », puis ont rejoint « les chrétiens réformés » dans cet indiscutable matérialisme libéral souvent athée. L’orthodoxie est là pour nous ramener à la sérénité.

Yves Montenay


A l’ombre du grand ours russe…

Je reviens donc de Géorgie, où j’ai senti l’ombre du gros ours russe

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Carte RFI

La Géorgie est la dernière des six petites sœurs que j’avais envie de visiter depuis un bon demi-siècle : les trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), l’Arménie, la Moldavie et la Géorgie, tous alors en URSS. Depuis, ces petits pays se sont émancipés de Moscou, mais pas dans les mêmes conditions. Si les pays baltes, de civilisation catholique ou protestante, germanique et scandinave ont assez vite rejoint l’Union Européenne dont ils rattrapent le niveau à grands pas, ce n’est pas le cas des trois petites républiques du Sud que leur commune religion orthodoxe semblait lier à la Russie, tout comme l’Ukraine. C’est du moins l’avis de Moscou …

La Russie, qui commence à rappeler sérieusement l’URSS depuis que Poutine est au pouvoir, exerce une forte pression sur ces six pays et particulièrement sur l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie en occupant une partie de leur territoire peuplé d’ethnies minoritaires au niveau national, mais localement majoritaires, ethnies qui ont soi-disant demandé ou accepté l’appui des troupes russes. Il s’agit des Russes ou des russophiles d’Ukraine (Crimée et Donbass), des Ukrainiens, Russes et Gagaouzes de Moldavie, des Abkhazes et Ossètes de Géorgie. Résultat : les troupes russes sont entrées dans ces trois pays. La Géorgie voudrait rallier l’OTAN, mais cette dernière sait que ce serait une provocation directe envers la Russie. Du moins les Géorgiens gardent une grande gratitude envers Nicolas Sarkozy dont la diplomatie énergique a obtenu le retrait des troupes russes qui approchaient de Tbilissi en 2008. Mais elles sont restées dans les provinces de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, qu’elles sont en train de russifier.

Les pays baltes, qui sont eux entrés dans l’OTAN, n’ont eu droit « que » à des attaques informatiques et à des pressions en faveur des minorités russes. Reste l’Arménie, dont le cas est un peu différent : elle ne peut pas se passer de l’appui de la Russie face à la Turquie et à l’Azerbaïdjan, turc lui aussi, avec lequel elle est en guerre pour récupérer le Nagorny Karabakh, peuplé d’Arméniens mais située en Azerbaïdjan.

Rappelons que Staline, qui était commissaire aux nationalités pour l’URSS avant d’accaparer tous les pouvoirs, avait, là comme ailleurs dessiné les frontières de manière à empoisonner la vie de chaque pays par des minorités du pays voisin … pour que Moscou puisse se poser en arbitre.

Revenons en Géorgie. Les différences géopolitiques n’empêchent pas une parenté avec l’Arménie voisine. Même christianisme très ancien avec des églises de style apparenté, deux langues très spéciales avec leurs alphabets spécifiques. Toutefois le russe est encore très présent en Arménie, mais a disparu du paysage géorgien au bénéfice d’un peu d’anglais.

Bref habiter près de la tanière de l’ours ne permet pas de dormir tranquille.

Yves Montenay
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@ymontenay


Billet de voyage : de retour de Géorgie

De retour de Géorgie…

Photo Novo Monde
Photo Novo Monde

Je passe devant les terrasses des cafés d’un quartier central de la capitale, Tbilissi. Bon standing, décor contemporain ou original sans être luxueux. Tiens, que des femmes, presque toutes apparemment de 20 à 30 ans et assez élégantes ! Je jette un coup d’œil dans les salles : c’est pareil. Je finis par me renseigner :  « Les hommes vont boire la bière de leur côté dans des établissements plus traditionnels, et les femmes s’offrent une sortie entre copines dans des endroits plus raffinés ».

Bon, la capitale de la Géorgie ne se résume pas à cela. Il y a aussi des mendiants, des personnes un peu âgées et déjà bien fatiguées, des costauds aux mines patibulaires et à barbe noire naissante et des maigrelets qui la laissent pousser pour se donner une contenance, une demi-douzaine d’ouvriers, et leur chef très occupés à ne rien faire autour d’un seul qui active sa pelle. Bref des indices de sous-développement, recoupés par le très bas prix des biens et services courants (1,5 € le menu type Macdo).

Le progrès semble néanmoins en route avec un réseau routier partiellement modernisé, la multiplication des bâtiments récents, du plus banal au très réussi et des aménagements urbains astucieux. On peut aussi admirer avec perplexité la rénovation des bâtiments « typiques » mélangeant tous les styles possibles de l’Orient et de l’Occident, et souvent rouges, dorés ou bruns. Par contre la période soviétique de l’avant-guerre a laissé des bâtiments convenables, la Géorgie ayant échappé de justesse aux destructions de la Deuxième Guerre mondiale. Enfin et surtout, les modestes basiliques sont omniprésentes, mais souvent usées par le temps.

Car un des piliers du pays est son christianisme très ancien. Un juif du pays aurait même été convoqué au procès de Jésus, et en aurait ramené la chemise du supplicié. On ne peut faire mieux comme ancienneté ! Les historiens rajoutent que c’est l’adoption du christianisme par l’Empire romain (dont la Géorgie fut la pointe nord-est) qui le généralisa, comme simultanément en Gaule et ailleurs.

Mais tout cela, c’était hier, car le pays est fier de son histoire des 2 à 4 000 années précédentes : « Nous sommes les premiers Européens ; la frontière entre l’Europe et d’Asie ne passe pas par où vous pensez ».

Le deuxième pilier du pays est sa langue unique (peut-être apparentée au basque) et son alphabet spécifique que personne ne connaît à l’extérieur. La quasi-totalité des enseignes et indications sont en alphabet géorgien, hors de quelques rues touristiques ou « mondialisées », donc totalement illisibles pour tout étranger. Mais ce n’est pas un obstacle, la gentillesse générale y palliant largement.

Par contre, je ne vous ai pas parlé d’un point crucial : l’ombre menaçante de la Russie. Si cela vous intéresse, poursuivez la lecture en cliquant ici.

Yves Montenay
https://yvesmontenay.fr
@ymontenay


Quand la Chine s’effondrera

 

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J’ai écrit ceci il y a plus d’un an et demi, et personne ne m’a cru :

https://yvesmontenay.fr/2014/01/06/quand-la-chine-seffondrera/

J’avais les mêmes statistiques que tout le monde, mais elles ne me paraissaient pas pas pertinentes. Si on les regardait de près on s’apercevait que la Chine consommait certes beaucoup de matières premières (du fer pour en faire de l’acier, de l’acier pour faire du béton, du béton pour faire des immeubles et des autoroutes), mais pourquoi faire ?

Ce n’est pas cela le développement. Le développement c’est ce qui reste comme nourriture et comme services au citoyen de base, pas de construire des immeubles vides, de rendre l’air irrespirable et de produire de la nourriture avariée, obligeant les riches à s’approvisionner à l’étranger. Ce n’est pas non plus d’autoriser la police à tirer sur les protestataires ou de mettre en prison des blogueurs et leurs avocats.

Il n’y avait pas besoin de statistiques pour constater ça, et l’exemple du rattrapage de l’Occident par d’autres pays comme le Japon permettait de comprendre une partie de la croissance rapide de la Chine (l’autre partie étant bidon comme expliqué dans mes autres articles) et d’alerter sur son côté transitoire. Bref je n’ai fait qu’écrire ce qui était sous les yeux de tous.

Pourquoi donc tout le monde s’affole-t-il aujourd’hui, alors que ce n’est que la concrétisation de ce qui s’annonçait ?

Certes il y aura des hauts et des bas, la baisse du prix du pétrole va aider la Chine comme elle aide la France, mais les mécanismes en place ne changent pas, et en particulier la main de fer du nouveau président va entraver tout changement de système.


Les mystères de l’immigration chinoise en Algérie et en Afrique

Pour la compréhension de cette image du quotidien El Watan d’Alger, rappelons que la vente du tableau de Picasso (la toile la plus chère jamais vendue aux enchères, adjugée à 179,36 millions de dollars le 11 mai 2015 , chez Christie’s.) a fait grand bruit en Algérie, avec une certaine fierté, comme si c’était la vraie valeur des femmes d’Algérie. Et pour cause !

Lors d’un voyage officiel en Chine, le patron du Forum des chefs d’entreprise (FCE, le Medef local) a affirmé les Chinois étaient les bienvenus et que les femmes algériennes étaient disponibles pour ceux d’entre eux qui envisageaient d’y créer des familles !

Je rajoute un commentaire personnel : l’immigration définitive avec obtention de la nationalité algérienne est très difficile en Algérie, même s’agissant de conjoints musulmans d’Algériennes. Mais pourtant de plus en plus de Chinois semblent s’installer définitivement nous disent les Algériens. Dans toute l’Afrique, l’arrivée massive d’entreprises et de citoyens chinois n’est pas toujours bien vue par le peuple, mais semble âtre favorisée au sommet, ce qui laisse imaginer « des arguments efficaces ».


Veut-on vraiment faire la guerre à l’État islamique ?

Officiellement, l’État islamique a tout le monde contre lui : pour commencer, les chiites (donc l’Iran, l’Irak et la Syrie -je veux dire l’armée régulière et les milices de ces deux derniers pays) ainsi que l’Arabie, la Jordanie, la Turquie, la France, les États-Unis et, indirectement, la Russie. Mais dans l’ensemble, malgré ses atrocités et la menace de ses combattants clandestins dans le monde entier, on a l’impression qu’on le laisse assez tranquille.

Une guerre bien molle

Certes les frappes aériennes (surtout américaines et un peu françaises) ont contribué à le faire reculer, par exemple pour aider les Kurdes de Kobané, mais ça reste une exception.

Quand on pense à l’habitude américaine, et aujourd’hui saoudienne, d’écraser l’adversaire sous les bombes, quitte à tuer de nombreux civils (en France pendant la Deuxième Guerre mondiale, au Vietnam, en Irak et, pour l’Arabie, au Yémen), on est surpris de savoir que sont épargnés les quartiers habités par les dirigeants et les combattants de l’EI ainsi que les convois de carburant et de munitions qui sont nombreux à traverser la frontière turque. Les trafiquants de ce pays ont probablement des relations haut placées…

De même, le régime de Bachar El Assad semble avoir épargné l’EI, pourtant, en principe son pire ennemi, pour concentrer ses forces sur les autres rebelles. De même la Turquie laisse passer le flot des volontaires djihadistes et interdit aux avions américains et français sa base beaucoup plus proche des combats. Car Ankara ne veut pas participer à tout ce qui pourrait favoriser indirectement les Kurdes …

Une coalition hétéroclite et désunie

Pensez que l’on trouve dans cette coalition

– des pays sunnites (Turquie, Arabie et dans une moindre mesure la Jordanie), qui partagent l’hostilité de l’EI envers les chiites,

– le chef de file des chiites, l’Iran, par ailleurs ennemi des États-Unis, qui est en principe le chef de la coalition, et cela même en cas d’accord sur le nucléaire a déclaré « le guide suprême »,

– et l’Arabie, qui est violemment opposée à l’Iran.

Bref, la coalition anti EI est loin d’être unie, et son chef, Barak Obama, craint comme la peste de devoir se lancer vraiment dans une nouvelle guerre, car le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan sont de mauvais souvenirs

Notre gouvernement a déclaré « nous sommes en guerre ». Il serait temps que les autres se réveillent !

Yves Montenay
Les Echos du Monde Musulman


Une « usine à gaz » pour faire revivre les langues régionales ?

source : « Langues de la France » par Eric Gaba, Lexilogos.com

François Hollande a fait part de son intention d’adopter la charte des langues régionales. Je laisse de côté les questions juridiques (Bruxelles, notre constitution) pour m’intéresser aux côtés concrets de cette question.

La première réaction concrète est que la carte ci-contre, qui est utilisée par Bruxelles et par les partisans français de la charte …  date du Moyen Âge !  Cela pour donner l’impression que la France est composée d’une cinquantaine de communautés linguistiques. Vous pouvez tous constater que ça n’a rien à voir avec la situation d’aujourd’hui, où le français est parlé et compris partout et est la langue maternelle ou d’usage familial de la quasi-totalité de la population.

Les commentaires relatifs à ce projet d’adoption de la charte des langues régionales sont de deux sortes : les uns s’alarment d’une attaque contre le français, que l’on préfère remplacer par ces langues (le breton, le basque, l’alsacien…) ; les autres se félicitent de leur reconnaissance par une république qui a beaucoup travaillé pour les faire disparaître, ce qui leur paraît scandaleux.

Je crois qu’il ne sert à rien d’attaquer plusieurs siècles de francisation de la France. Aujourd’hui c’est un fait qui paraît naturel à la grande majorité de la population. Concrètement les langues régionales sont de de moins en moins connues et très peu parlées, sauf dans quelques endroits très limités, par exemple certaines vallées des Pyrénées pour le basque. De plus elles ne sont pas transmises aux enfants (voir l’INSEE). Enfin il serait question de faire de même pour les langues de l’immigration, notamment l’arabe … Mais quel arabe, sachant que les maghrébins parlent des dialectes locaux souvent très différents, sans parler des langues berbères ?

Nos habitudes, et notamment l’organisation de l’éducation nationale, risque de nous mener à une action centralisée, étatique, administrative et coûteuse, donc supportée financièrement par une immense majorité de gens non concernés, bref à « une usine à gaz » comme nous les adorons. Il faudrait diffuser des manuels dans les écoles, apprendre aux fonctionnaires à répondre dans cette langue etc. Certes cela se fait à juste titre ailleurs, mais dans des pays où la langue locale est effectivement parlée par un grand nombre de locuteurs, à la fois en valeur absolue et en pourcentage de la population locale : le gaélique au pays de Galles, le français dans les zones à majorité anglaise du Canada et réciproquement… Et il s’agit de langues qui ont déjà accumulé depuis des siècles un grand nombre de textes utilisables aujourd’hui.

Une décision générale et centralisée n’est bien sûr pas la bonne méthode, que ce soit pour favoriser les langues locales ou bien d’autres questions. Le plus simple serait de laisser les communes, voire chaque école, libre d’apprécier la situation locale. Donc non à la charte si elle est contraignante, mais oui à l’autonomie !

Yves Montenay
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Polygamie gouvernementale

Non, ce qui suit n’est pas un extrait des articles « people » sur les dirigeants français, mais  une information sur des mariages très sérieux. Avec un «S».

Nous sommes au Maroc, des islamistes sont au pouvoir. Un pouvoir très partiel, puisqu’ils font partie d’un gouvernement de coalition, et que le gros du pouvoir reste aux mains du roi.

Pouvoir partiel, mais levain de séduction comme ailleurs (que l’homme politique qui n’en n’a pas usé leur jette la première pierre !). Bref deux ministres islamistes marocains sont maintenant bigames.

« Officiellement », pour illustrer leurs convictions religieuses, alors que les cochons d’incroyants, Occidentaux ou non, restent  plus ou moins clandestinement « dans le pêché ». Bien sûr ça fait jaser, et les mouvements féministes aiguisent leurs crayons.

Le code de la famille marocain est à mi-chemin entre un code quasi européen façon Tunisie et le code traditionaliste. Il a gardé la possibilité coranique de se marier à quatre femmes (pourvu qu’elles soient traitées également, d’où l’abondante jurisprudence sur la répartition des nuits avec le mari). Mais il a encadré très strictement cette possibilité, notamment en demandant l’accord explicite des premières femmes.

Finalement il y a très peu de mariages polygames (800 en stock sur plus de 30 millions d’habitants au Maroc) … sauf au gouvernement. Comme le roi donne pas l’exemple (contrairement à son père, néanmoins très discret) il faut bien que les ministres s’y mettent. En toute légalité, donc accompagnés de leur première épouse.

Yves Montenay
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