Une « usine à gaz » pour faire revivre les langues régionales ?

15 juin 2015

Une « usine à gaz » pour faire revivre les langues régionales ?

source : « Langues de la France » par Eric Gaba, Lexilogos.com

François Hollande a fait part de son intention d’adopter la charte des langues régionales. Je laisse de côté les questions juridiques (Bruxelles, notre constitution) pour m’intéresser aux côtés concrets de cette question.

La première réaction concrète est que la carte ci-contre, qui est utilisée par Bruxelles et par les partisans français de la charte …  date du Moyen Âge !  Cela pour donner l’impression que la France est composée d’une cinquantaine de communautés linguistiques. Vous pouvez tous constater que ça n’a rien à voir avec la situation d’aujourd’hui, où le français est parlé et compris partout et est la langue maternelle ou d’usage familial de la quasi-totalité de la population.

Les commentaires relatifs à ce projet d’adoption de la charte des langues régionales sont de deux sortes : les uns s’alarment d’une attaque contre le français, que l’on préfère remplacer par ces langues (le breton, le basque, l’alsacien…) ; les autres se félicitent de leur reconnaissance par une république qui a beaucoup travaillé pour les faire disparaître, ce qui leur paraît scandaleux.

Je crois qu’il ne sert à rien d’attaquer plusieurs siècles de francisation de la France. Aujourd’hui c’est un fait qui paraît naturel à la grande majorité de la population. Concrètement les langues régionales sont de de moins en moins connues et très peu parlées, sauf dans quelques endroits très limités, par exemple certaines vallées des Pyrénées pour le basque. De plus elles ne sont pas transmises aux enfants (voir l’INSEE). Enfin il serait question de faire de même pour les langues de l’immigration, notamment l’arabe … Mais quel arabe, sachant que les maghrébins parlent des dialectes locaux souvent très différents, sans parler des langues berbères ?

Nos habitudes, et notamment l’organisation de l’éducation nationale, risque de nous mener à une action centralisée, étatique, administrative et coûteuse, donc supportée financièrement par une immense majorité de gens non concernés, bref à « une usine à gaz » comme nous les adorons. Il faudrait diffuser des manuels dans les écoles, apprendre aux fonctionnaires à répondre dans cette langue etc. Certes cela se fait à juste titre ailleurs, mais dans des pays où la langue locale est effectivement parlée par un grand nombre de locuteurs, à la fois en valeur absolue et en pourcentage de la population locale : le gaélique au pays de Galles, le français dans les zones à majorité anglaise du Canada et réciproquement… Et il s’agit de langues qui ont déjà accumulé depuis des siècles un grand nombre de textes utilisables aujourd’hui.

Une décision générale et centralisée n’est bien sûr pas la bonne méthode, que ce soit pour favoriser les langues locales ou bien d’autres questions. Le plus simple serait de laisser les communes, voire chaque école, libre d’apprécier la situation locale. Donc non à la charte si elle est contraignante, mais oui à l’autonomie !

Yves Montenay
yvesmontenay.fr
sur twitter : @ymontenay

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